Elazami: Charaï “opine”, Benkiran “fulmine” et Boucetta en équilibriste manqué
Driss ELAZAMI ELIDRISSI : Président du Conseil national du PJD
Dans son billet 1093 du 27 novembre 2024 intitulé “Israël/CPI : Charaï opine et Benkirane fulmine”, M. Aziz Boucetta s’est invité comme médiateur rappelant au calme, et essayant, à mon avis sans grand succès, à garder l’équilibre entre le PJD et le groupe de M. Charaï, en tentant de garder la même distance, en mettant, pas toujours de manière juste, en avant la position des deux protagonistes, et prônant le respect de la différence, la préservation de la liberté d’opinion et d’expression, et en appelant à la tolérance et à un dialogue pacifique et à un débat constructif.
J’avoue de prime abord que cette mission et le rappel de ces principes est fort louable, mais après avoir lu avec attention le texte du billet au sens strict, et analyser son titre, sa teneur et ses affirmations, j’ai réalisé sans beaucoup d’efforts, que M. Boucetta n’a pas du tout réussi sa mission et n’a pas du tout été objectif et est loin d’être juste et ce, à plusieurs niveaux.
D’abord et sur un plan purement sémantique, le choix de la mise en scène du billet, son titre et les photos ont vite trahi l’auteur du billet et ses bonnes intentions. Un titre et une photo où M. Charaï paraît calme et pensif, et un titre et une photo où M. Benkiran paraît fulminant et agressif. Il faut reconnaître que pour un médiateur le choix est grandement raté.
Ensuite et sur le plan du principe et de l’objectivité, M. Boucetta juge et se base uniquement sur un papier de M. Charaï tel que paru dans “Times of Israël” et sur le communiqué du PJD en réaction à ce papier, et il s’est précipité sans prendre connaissance ou sans attendre d’être au fait de ce qui a suivi le communiqué du PJD et les insultes, les calomnies et les menaces perpétrées contre le Parti et son secrétaire général par M. Charaï, et relayées par son groupe, ses antennes et ses différents médias et réseaux sociaux.
Et enfin du côté du contenu, M. Boucetta a beaucoup insisté tout au long du texte et à plusieurs reprises sur le fait que “Charaï a émis une opinion sur le conflit israélien” et que “l’éditorialiste a exprimé et défendu une opinion”; et que “c’est encore une fois son droit, car ainsi est la liberté d’expression et d’opinion, tant qu’elle n’enfreint pas la loi, et l’opinion de M. Charaï n’enfreint pas la loi marocaine (certes défendre des crimes de guerre ou un génocide est un crime, mais Netanyahou et Gallant ne sont pas condamnés, juste recherchés par la CPI)”; et que “M. Charaï a exprimé une opinion, une simple opinion, qui reste une idée, une opinion; il a le droit de le faire, et il a eu le courage de le faire…”.
Au regard de ces affirmations tranchées, M. boucetta donne tous les droits à M. Charaï et insiste sur son droit à la liberté d’opinion et de donner son avis et d’exprimer ses idées, alors que le papier de M. Charaï ne peut en aucun cas rentrer dans le champ de la liberté d’expression et d’opinion et des idées. M. Boucetta, l’apologie du terrorisme d’Etat et la défense d’un “Etat”, qui a commis un pogrom et un holocauste qualifiés, et des crimes de guerre contre des civils: nourrissons, enfants, femmes et a détruit tout Gaza, et les charges lourdes retenues par la Cour Internationale de Justice contre des responsables israéliens; comme les crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza, ne sont pas de simples opinions et idées.
Mais non seulement M. Boucetta défend bec et ongles M. Charaï, mais s’érige en juge et affirme que l’opinion de M. Charaï n’enfreint pas la loi marocaine, alors que ce n’est en aucun cas son rôle et à la limite M. Boucetta peut s’il le veut, faire prévaloir la présomption d’innocence, mais d’aucuns ne peut confirmer ni infirmer que M. Charaï n’enfreint pas la loi marocaine.
Par ailleurs, et tout en affirmant le courage de M. Charaï et son droit de s’exprimer, M. Boucetta lorsqu’il traite du PJD, il ne manque pas de qualificatifs tendancieux en affirmant que “la chose énerve très puissamment le PJD, qui se réunit en secrétariat général d’urgence et exprime rageusement sa sainte colère dans un communiqué particulièrement virulent.”; et que “les gens du PJD ont un peu plus tort qu’Ahmed Charaï car au lieu de se contenter de ne pas être en accord avec les idées de ce dernier (ce qui est le cas, par exemple, de l’auteur de ces lignes), ils passent à la menace indirecte, voire directe.”; et que “les gens du PJD et bien d’autres sur les réseaux oublient, c’est qu’on répond à une idée par une autre idée, peut-être meilleure, peut-être pas. Mais le débat ne doit aucunement basculer en combat, en invective, en excommunication ou en bannissement, un seuil largement franchi par le PJD.”
Et enfin et c’est là où le bât blesse, je ne sais pas par quelle démarche journalistique, ni sur quelle exégèse, M. boucetta s’est appuyé pour aboutir à de telles conclusions hasardeuses, et qui au final fait que c’est M. Boucetta et non le PJD, qui montre du doigt et stigmatise M. Charaï, en affirmant que «M. Charaï a pris le risque de s’exposer, d’appuyer là où ça fait mal, de titiller les émotions mises à mal d’un public marocain chauffé à blanc.», et en ajoutant que “Aujourd’hui, on peut comprendre son désarroi face aux atrocités commises à Gaza, en Cisjordanie et ailleurs dans la région, mais cela ne justifie aucunement un tel communiqué, dangereux pour M. Charaï (on n’est jamais à l’abri d’un cinglé qui irait s’en prendre à lui)…”.
En conclusion et en réalité, il paraît sauf avis contraire, que celui qui fait feu de tout bois dès qu’il s’agit du PJD, c’est bien M. Boucetta, en essayant, de bonne foi peut être, de jouer le rôle de médiateur et en tentant d’apaiser les esprits, mais il a malheureusement manqué d’impartialité et a fourni une plaidoirie soignée et signée et à tort en faveur de M. Charaï et contre le PJD, et pour une cause perdue d’avance.